Schule des Rades

Hermann Keyserling

Das Erbe der Schule der Weisheit

3. Heft · Der Weg zur Vollendung - 1922

Bücherschau · Henri Bergson · L’Énergie spirituelle

Bergsons neuestes Buch, die Essay-Sammlung L’Énergie spirituelle enthält gleichfalls höchst Bedeutsames über das Problem der Sinneserfassung, insbesondere über die Wahrheit, dass Verstehen ein Schaffen ist; man höre nie Worte, sondern erzeuge selbsttätig den Sinn.

Pouvons nous suivre un calcul, heißt es auf S. 180, si nous ne le refaisons pas pour notre propre compte? Comprenons-nous la solution d’un probleme antrement, qu’en résolvant le problème à notre tour? Le calcul est écrit au tableau, la solution est imprimée dans un livre ou exposée de vive voix; mais les chiffres que nous voyons ne sont que des poteaux indicateurs auxquels nous nous reportons pour nous assurer que nous ne faisons pas fausse route; les phrases que nous lisons ou entendons n’ont un sens complet pour nous que lorsque nous sommes capables de les retrouver par nousmémes, de les créer à nouveau, pour ainsi dire, en tirant de notre propre fonds l’expression de la vérite mathématique qu’elles enseignent… n’en est-il pas de même de tout travail d’inter, prétation? On raisonne quelquefois comme si lire et écouter consistaient à s’appuyer sur les mots vus ou entendus pour s’élever d’eux à l’idée correspondante, et juxtaposer ensuite ces diverses idées entre elles. L’étude expérimentale de la lecture et de l’audition des mots nous montrent que les choses se passent d’une tout autre maniere. D’abord, ce que nous voyons d’un mot dans la lecture courante se réduit à trés peu de chose: quelques lettres, — moins que cela, quelques jambages ou traits caractéristiques… nous n’entendons qu’une partie des mots prononcés. Mais, indistinctement de toute expérience scientifique, chacun de nous a pu constater l’impossibilité où il est de percevoir distinctement les mots d’ une langue qu’il ne connait pas. La vérité est que la vision et l’audition se bornent, en pareil cas, à nous fournir des points de repére ou mieux à nous tracer un cadre, que nous remplissons avec nos souvenirs.

Wem es irgend möglich ist, der studiere dieses Buch. Henri Bergson ist durchaus nicht der Modephilosoph, als der er so gern neuerdings in Deutschland abgetan wird — innerhalb der Grenzen seiner Begabung bezeichnet er einen Höchstausdruck aller Zeiten menschlicher Geistigkeit. Er ist kein Synthetiker, nicht der prometheische Wegweiser, als der er zeitweilig gefeiert wurde; die schöpferische Entwicklung ist sein schwächstes Werk. Aber er ist nicht allein ein Analytiker und Grenzbestimmer aller, ersten Ranges — bei keinem modernen Denker decken sich Sinn und Ausdruck so vollständig, wie bei Bergson. Dies bedeutet nicht bloß, dass er ein wunderbares Französisch schreibt — es bedeutet, dass bei ihm der Sinn, den er meint, vollkommen erfasst ist, denn nur im angemessenen Ausdruck ist dies restlos möglich. Man mag mehr ahnen, meinen, in bestimmtem Verstand auch wissen, als man aussprechen kann: wirklich erfasst ist der Sinn immer nur in vollendetem Ausdruck, denn eine andere Verwirklichung des Geistes hienieden gibt es nicht. Deshalb ist das Studium Bergsons in der Originalsprache jedem dringend anzuraten, der nach Erkenntnis strebt. Es gibt tiefere Geister, als jener einer ist, auf das Sachliche seiner Leistung kommt es für die meisten am wenigsten an. Aber wer seine Bücher in dem Bestreben liest, zu lernen, wie Sinn und Ausdruck zu vollkommener Kongruenz zu bringen seien, der wird durch Bergson mehr Förderung erfahren, als durch irgend einen Modernen. — Das Buch L’Énergie spirituelle behandelt die mannigfaltigsten Themen. Ich zitiere noch einen Abschnitt, der die Wahrheit betrifft, die auch ich häufig zu vertreten Gelegenheit hatte: dass nie das was, sondern das wie eines Gesagten wirkt (S. 48 ff.):

Laissez de côte les reconstructions artificielles de la pensée, considérez la pensée même; vous y trouverez moins des états que des directions, et vous verrez qu’elle est essentiellement un changement continuel et continu de direction interieure, Iequel tend sans cesse à se traduire par des changements de direction exterieure, je veux dire par des actions, et des gestes capables de dessiner dans l’espace et d’exprimer métaphoriquement, en quelque sorte, les allées et venues de l’esprit. De ces mouvements esquisses, ou même simplement préparés, nous ne nous apercevons pas, le plus souvent, parce que nous n’ avons aucun intérêt à les connaitre; mais force nous est bien de les remarquer quand nous serrons de près notre pensée pour la saisir toute vivante et pour la faire passer, vivante encore, dans l’âme d’autrui. Les mots auront beau alors être choisis comme il faut, ils ne diront pas ce que nous voulous leur faire dire si le rhythme, la ponctuation et toute la choreographie du discours ne les aident pas à obtenir du lecteur, guidé alors par une série de mouvements naissants, qu’il décrive une courbe de pensée et de sentiment analogue à celle que nous décrivons nous-mêmes. Tout Part d’écrire est là. C’est quelque chose comme l’art du musicien; mais ne croyez pas que la musique dont il s’agit s’adresse simplement à l’oreille, comme on se l’imagine d’ordinaire. Une oreille étrangere, si habituée qu’ elle puisse être à la musique, ne fera pas de différence entre la phrase françise que nous trouvons musicale et celle qui ne l’est pas, entre ce qui est perfaitemant écrit en français et ce qui ne l’est qu’approximativement: preuve évidente qu’il s’agit de tout autre chose que d’une harmonie materielle des sons. En réalité, l’art de l’écrivain consiste surtout à nous faire oublier qu’il employe des mots. L’harmonie q’uil cherche est une certaine correspondence entre les allées et venues de son esprit et celles de son discours, correspondence si parfaite que, portées par la phrase, les ondulations de sa pensée se communiquent à la notre et qu’alors chacun des mots, pris individuellement, ne compte plus: il n’y a plus rien que le sens mouvant qui traverse les mots, plus rien que deux esprits qui semblent vibrer directement, sans intermédiaire à l’unisson l’un de l’autre. Le rhythme de la parole n’a donc d’autre objet que de reproduire le rhythme de la pensée.

Diese meisterhafte Analyse müsste allen Verständnisfähigen klarmachen, wie verfehlt es ist, bei Vorträgen in erster Linie auf den Buchstaben und den materiellen Inhalt zu achten: eben deshalb verstehen Zuhörer desto weniger, je gelehrtenhafter oder sachlicher sie eingestellt sind.

Hermann Keyserling
Das Erbe der Schule der Weisheit · 1981
Der Weg zur Vollendung
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